Des fois, j'aimerais tellement être comprise, du fond de l'âme, dans mes délires sentimentaux...
Je suis sensible, une qualité qu'on ne peut pas montrer au grand jour. À la face du monde, c'est cuir, armure, flèches et lances. C'est la guerrière amazone. Ce n'est pas seulement la battante, c'est la Gagnante. Le triomphe. Pour un piédestal de 3 marches. Minuscule. Pas plus haut qu'un talon haut de femme d'affaires, présidente directrice générale de l'être humaine qui se cache sous l'uniforme de boss. Sous le chignon tiré, le rouge rouge et parfait. La jupe droite, les escarpins à hauteur vertigineuse. Le chemisier immaculé
à la Vierge Marie et la dentelle de soutien-gorge noire. La perfection bitch et sexy du pouvoir. De la réussite...
Mes modèles, comme celles du reste du monde, ont 30 ans et une main de fer. Elles ont le monde au pied de leur beauté arrogante et de leur force de caractère. Comment font-elles ? Comment existeraient-elles ? Impossible.
Je dis : il doit y avoir un homme, pour la maquiller tous les matins. Pour la recouvrir de soie, d'or, de baisers... Et lui faire enfiler le costume. Un homme qui lise les pensées et le corps. Qui comprenne les mots inconscients et l'absence de son... Qui touche comme on voit, qui voie comme on entend... Qui trempe les pointes des flèches dans le cyanure en susurrant des mots doux et idiots... Qui effleure le bout de nos lèvres lorsque l'on dort.
Il doit y avoir quelqu'un qui nous ressemble ou nous crée !
Crée l'image... et connaisse le goût de la vanille de notre peau.
Un être sans la carapace et sans l'odieux de l'Homme. Sans âge, ni marque, ni blessure, ni haine. Juste un torse de plume et de genièvre où s'endormir...