samedi, avril 28, 2007

Angoisse

Je cherche, frénétiquement, désespérément...
 Comme un fil d'Ariane,
Une ligne vers la lumière,
 hors des dédales de ma tête.
(Qui abrite le Minotaure,
 faible et triste et transi de froid
 au fond de son cachot, pour être seulement né...)
Comme une Thésée qui cherche son chemin hors de ses peurs
 mais qui a échappé la ligne !
Oh, idiot ! Qui a échappé la ligne !

Un son, quelques phonèmes de ta voix qui rassure.
 Vos voix.
 Qui sont si loin loin loin...
Comme un écho à ma souffrance.
Se répercutent sur les murs,
 vos cent silences emmurés
 vos cent visages
 sans visages
Le bruit de rien qui tourne trop vite.
Le bruit de rien qui...
(J'étouffe !)

Respire.
- Mais l'air fait battre mon coeur plus vite !

Non. Respire !
- Je t'attends, je t'espère, ta non-présence me calmera en rêve...

Respire...
- Oui, ça va, je vais survivre.

Respire.
- Je m'endors à tes pieds, le temps que tu viennes me chercher.

Respire.
- Don't speak, don't speak. Just take my hand, we'll be alright...


      Respire.

lundi, avril 23, 2007

Célébration silencieuse

C'est sous les traits de mon alter ego virtuel que je souligne la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur en ce 23 avril, tel que proclamé par l'Unesco en 1995.

J'avais alors 10 ans et la lecture faisait partie de ma vie comme s'il s'était agi de dormir ou manger. Je consommais des centaines de livres par année, je lisais tout le temps. Mieux, à cette époque, je m'étais d'ores et déjà destinée à une carrière d'auteur-journaliste-chroniqueuse. Plus jeune, on disait de moi que je maîtrisais la langue française bien au-delà des objectifs fixés pour mon âge. C'est bien parce que je me consacrais tout entière à la littérature, avec passion, espoir, confiance... et sans doute une belle naïveté.
Je me serais sans doute apprécié, comme enfant. J'aimerais parfois remonter dans le temps pour me voir, me lire et m'encourager à ne jamais cesser de créer toutes ces histoires, de les raconter.

Plus jeune, j'ai rencontré des nombreux auteurs. Ma mère m'amenait avec elle à tous les Salons du livre et je revenais les bras chargé de cahiers, de pages, de reliures neuves et bien à moi. D'histoires offertes et gentiment dédicacées par ces auteurs jeunesse généreux qui ont longtemps fait grandir mon rêve avec moi. Du temps que la littérature n'était pas une entreprise. Que les auteurs prenaient le temps de parler à leurs jeunes lecteurs, malgré leur peu de réponse plein de timidité. L'écrivain - quel qu'il soit - était pour moi une idole, un modèle de réussite, de bonté et de gentillesse, et j'avais la certitude qu'un jour, moi aussi, je composerais une dédicace personnalisée à chaque lecteur qui se présenterait à moi pour découvrir mes histoires. Un merci tout particulier à Dominique Giroux, qui a eu l'infinie gentillesse de discuter avec moi, de croire en moi sans me connaître, une petite fille parmi tant d'autres, seulement croisée dans un de ces salons... Merci pour les aventures de Minnie Bellavance. Merci pour les souhaits de bonne chance. Merci pour votre adresse au dos d'un signet en 92... un secret et un encouragement précieux que j'ai toujours gardé.


Aujourd'hui, je constate amèrement comment les années ont passé pour durcir mon coeur et en égrener mes passions... Tel un chapelet de prières d'enfant, naïves et inutiles. Il faut bien vivre la vraie vie... Et pourtant...

Pourtant si je repense à Dominique, je sais que tout cela n'est pas mort.
Si je pense à ces nouvelles que j'écrivais la nuit pour mon premier amour, cela n'est pas mort.
Je pense à mes années au journal scolaire. Je pense à mes correspondances un peu trop littéraires. Je pense mes récits d'exploits un peu exagérés. Je pense à mes conversations amoureuses imagées.
Je pense à vos noms et à vos compliments... Je pense à vos commentaires sur mes copies. Je pense à vos réponses, à vos demandes, à vos rires et vos exclamations. À vos silences. À vos yeux plein d'eau. Et aux miens...
Je pense que tout cela n'est pas mort... que ça ne pourra jamais complètement mourir...


Bonne Journée mondiale du livre et du droit d'auteur,

Marine

dimanche, avril 22, 2007

Balancer...

Un anonymat complet. Une solitude totale. Une existence underground, dans la noirceur réconfortante comme une lourde couverture de laine. Une liberté sans limite. De dire, de penser. De faire. Pour le meilleur ou le pire...

Troquerais-je cela pour un contact ? pour une connexion avec le monde extérieur... et réel. Pour un sentiment de compréhension. de partage. Réel ?
Une impression. Trompeuse ?
Une illusion, peut-être.

Et comment savoir ? Comment accepter de rêver d'une complicité ? Ou de bras tendres et d'étreintes apaisantes ?
Comment soutenir la pression d'un intérêt ? Alors qu'ici, je ne dois rien à personne.

samedi, avril 21, 2007

Know thyself

Ma première rencontre avec Mme O. a mis en lumière bien des choses pour moi.
À commencer par le fait que j'ai désespérément besoin de parler à quelqu'un...

Je commence avec elle un processus d'orientation. En fait, je commence avec elle la "phase d'exploration". Ça me choque de devoir recommencer à la base, comme si je ne me connaissais pas, comme si j'avais encore besoin de tous ces stupides tests pour me dire si je pourrais étudier en biologie moléculaire ou si je suis mieux en relations publiques... Et en même temps, j'aime cette étape. Parce que ça parle de moi. Ça me permet de rêver tout ce que je veux rêver, d'avoir les projets les plus fous. Et pourtant, je sens que je devrais essayer d'être réaliste...


Madame O. m'a semblé plutôt antipathique au début. Je l'ai vu hors consultation, et j'ai tout de suite pensé : "vieille bêtasse !" Je ne sais pas pourquoi... mais j'avais tort. Elle pouvait avoir une grosse journée ou être excédée par le retard de sa prochaine cliente (en l'occurrence, moi) ou... juste un mauvais moment, quoi.

Mais dans son bureau, je me suis mise à parler, parler... Beaucoup et rapidement. Comme une débâcle de mots. Comme un barrage qui vient de céder. Je n'ai pas pu me retenir, et je n'ai pas voulu non plus. Et elle n'a pas essayé de me contenir non plus. Elle a juste écouté. Attentivement et pour vrai. En prenant des notes. Beaucoup de notes...
Et je l'ai aimé tout de suite...

J'ai dit des choses que je ne n'aurais pas dû dire... Comme, que ma mère me met de la pression pour que je fasse mes études dans un domaine précis. Comme, que j'ai parfois le sentiment que c'est trop pour moi. Et je n'ai pas eu envie de ne pas lui dire...

J'ai l'intention de laisser ici des notes de mon évolution, des comptes-rendus de mes rencontres, des discussions. D'abord, Mme O. me donne des devoirs chaque semaine. Ça me permettra de garder en archives mes réflexions, comme il est toujours bon d'y revenir.
Comme une preuve de chaque pas qui a été fait vers l'avant.

mercredi, avril 11, 2007

Cher Chat,

Parfois, je me dis que ce n'est qu'un corps.

Que peu importe si tu franchissais des limites, si tu débordais de tes promesses, si tu outrepassais ma confiance... peu importe, ce ne serait toujours qu'un corps.
Je me dis que j'accorde peut-être trop d'importance à ce détail, que je pourrais sans doute aller chercher ces sensations qui me font envie si seulement je laissais tomber cette ridicule sacralité de l'enveloppe. Tout comme toi. Toi qui désire simplement me consommer comme un fruit mûr, par plaisir, simplement. Sans autre rituel que la lenteur d'une dégustation, peut-être. Alors pourquoi ne pas m'offrir sur un plateau d'argent, comme de délicieuses bouchées contre ton palais fin et profiter de tes compliments de gourmets. Reconnaissance immédiate sans aucune autre conséquence...

Car il est vrai que j'ai souvent rêver de sentir ta main entre mes cuisses à mon réveil.
Tes mains sur ma peau, tes doigts s'enfoncer dans ma chair... J'ai voulu ta violence, j'ai voulu ta tendresse, j'ai voulu toute les libérations que tu me proposais. Je m'offrirais tes regards brulants à travers la noirceur, sur mes reins, sur mes courbes; le son de ta respiration anxieuse; l'avidité que je devine sous trop de douceur feinte, trop de soin inutile pour éviter de me faire mal de ta brutalité d'homme. Je provoquerais à coup de regards sombres et de gestes déplacés - puis subirais à grands cris - tes brusqueries passionnées et tes boutades, jusqu'aux limites du supportable...

Après tout, ce n'est qu'un corps. Qui lui seul recevrait cette attention. Qui lui seul me transmettrait ta chaleur et le réconfort que tu lui consentirais.
Juste un corps...